Information : Simon Fauteux

2 volumes, 14 pièces, 66 minutes de musique. YOLO.

Montréal, mai 2022 – Pour ce quatrième long-jeu de Barrdo à paraître le 13 mai, du premier coup de crayon jusqu’à l’ultime retouche, le mot d’ordre a été « fais donc c’qui t’tente ». Affirmée, fantasmée, utopique, l’idée de liberté se présente sous diverses formes à travers cet album-double définitivement éclaté et excessif, où se côtoient le naïf et le savant, le spontané et le réfléchi, le fugace et l’interminable.

Tout au long du processus, Pierre Alexandre, meneur du projet, a fait volontairement fi du bon goût, des convenances, et de « ce-qu’il-faudrait-faire », suivant quasi aveuglément ses instincts et désirs. Vu l’éclectisme des 14 pièces, qui totalisent près de 70 minutes, le format Album-Double-Contrasté s’est imposé, donnant une certaine logique à l’ensemble.

Équivoques vol.1 présente 7 pièces plutôt pop, ancrées dans le folk et la chanson. On y sent un attachement aux canons de la chanson, française autant que québécoise et américaine, entre autres à travers les riches arrangements orchestraux et les textes mis à l’avant.

Équivoques vol.2 est plus exploratoire, voire plus abrasif, parcourant un territoire à la fois sombre et éclatant, définitivement moins formaté. Les références musicales et littéraires abondent, issues du passé autant que du présent, inscrivant le tout dans un courant définitivement post-moderne. La pièce « Et si pour une fois », en ouverture, en est un exemple patent : process-music de Steve Reich, rythmes empruntés Olivier Messiaen, références littéraires à Platon, Nietzsche… le tout dans une esthétique à mi-chemin entre le math-pop et le dance-rock. Spoken-word, écriture chorale, jams, hard-rock, égarements, rythmes mesurés à l’antique, ce second volume est ouvertement débridé. Certains passages évoquent les structures et ambitions de la musique progressive, mais le format chanson n’est jamais bien loin.

Les arrangements de ce LP4 poussent une coche plus loin encore les ambitions musicales de Pierre Alexandre. Aux cordes déjà bien présentes dans les albums précédents s’ajoutent ici la flûte de Caroline Dupont, un quintette de cuivres mené (et joué quasi-intégralement) par Jérôme Dupuis-Cloutier, un quatuor vocal classique, un quatuor de hurleurs (le Growler’s Choir). Certains arrangements orchestraux évoquent les belles années de la chanson-pop orchestrale (Brel, Bobby Vinton, Nancy Sinatra, Joe Dassin).

Au total, pas moins de 22 musiciens sont présents sur cette parution ! Démarré au printemps 2020 et achevé au début de 2022, cet album n’a définitivement rien d’un album de type « pandémie », intimiste et dépouillé. Le texte de « Ouin-ouin » a été livré par l’actrice Julie de Lafrenière, dont l’aplomb a bien vite fait oublier l’indisponibilité de Guylaine Tremblay.

Globalement, on sent au travers des pièces, une volonté de questionner plus concrètement le rapport des humains face au monde qui les entourent, leurs choix, leurs impacts. Plusieurs textes explorent le concept de la liberté, sous divers angles, toujours avec cette perspective existentialiste et spirituelle présente dans la plupart des œuvres de BARRDO Le regard aiguisé et bienveillant de Catherine Leduc a permis à Pierre Alexandre d’affiner son propos, ses idées, tout en contournant les écueils et clichés de l’écriture « engagée ».

En bref, cette nouvelle parution de BARRDO se veut un témoignage assez manifeste de la liberté que Pierre Alexandre s’accorde dans sa création. Dans un paysage musical où l’esthétisme est monnaie courante, où la rébellion se veut souvent une posture préfabriquée inoffensive, voire formatée, Équivoques Vol 1 et 2, œuvre indisciplinée et hétérogène, rappelle que certains refusent, pour le meilleur et pour le pire, de rentrer dans le moule.

Source : Poulet neige