Information : Simon Fauteux
Montréal, août 2024 – Deux ans après la sortie de l’album Outta Sight, la formation originaire de Saskatoon The Sheepdogs – qui fête ses 20 ans cette année – fera paraître le EP de 5 pièces Paradise Alone le 22 août en format numérique.
Sise au large de la pointe sud-ouest de la Floride, à laquelle elle est reliée par une route qui enjambe les eaux du golfe du Mexique, Key West est entrée dans la légende pour avoir abrité Ernest Hemingway ou Tennessee Williams, et a récemment inspiré à Bob Dylan une méditation bouleversante. C’est là, dans la cité la plus méridionale des États-Unis, en janvier puis au printemps 2023, qu’Ewan Currie, le chanteur, guitariste et principal compositeur des Sheepdogs, est venu passer plusieurs jours, après un passage par Miami.
Une période compliquée sur le plan personnel, le désir de prendre le large de Toronto, où il réside depuis une dizaine d’années. Des déambulations quelque peu éméché, l’écoute du country des années 1980 et 1990, qui berça ses jeunes années, et la guitare acoustique à portée de main pour étancher la mélancolie et composer, notamment le merveilleux premier extarit « Darling Baby ». « Key West est une destination tropicale pour touristes, tout le monde faisait la fête en buvant des margaritas et moi j’étais comme une âme en peine, misérable et seul dans cet endroit merveilleux. » De ce sentiment de dissonance découle le nom du nouvel effort studio du groupe canadien, Paradise Alone.
Depuis plus de deux ans et la parution de l’album Outta Sight, The Sheepdogs ont enchaîné les tournées en Amérique du Nord, en Australie et en Europe, s’aménageant ici et là quelques plages d’enregistrement. Après des sessions à Toronto, le groupe a décidé de pousser en avril 2024 jusqu’à Memphis, de laquelle est sortie « la plus belle musique soul », dixit Ewan. Il s’agissait aussi de renouer avec une vieille connaissance, le producteur Mat Ross-Spang, avec lequel le groupe avait travaillé sur l’labum Future Nostalgia.
« Il existe une vraie complicité entre nous et on s’était juré qu’on referait un album ensemble », explique Ewan. Ross-Spang a depuis fait du chemin, travaillé comme producteur ou ingénieur avec les Blind Boys of Alabama, Jason Isbell, Al Green ou Margo Price, et fini par mettre sur pied le studio de ses rêves en 2015, à Memphis. « Si vous êtes un peu sensible à l’esthétique de 1968, vous êtes en terrain familier quand vous entrez dans son studio, tant au niveau visuel que sonore », sourit Ewan. Le jeune producteur a mis à disposition ses trésors vintage, dont un piano parfait pour le rock’n’roll, ainsi que son approche de l’enregistrement, qui mêle techniques à l’ancienne et savoir-faire contemporain. Cinq jours d’enregistrement, pour autant de chansons. « L’idée était de restituer notre son live, de ne pas passer des milliers d’heures sur les overdubs », explique Ewan.
Le résultat est un régal sur le plan sonore, qui capte la souplesse rythmique du groupe et met en exergue des harmonies vocales particulièrement soignées qui ne sont pas sans rappeler les grandes heures des Eagles, de Crosby Stills & Nash ou de Manassas. Plutôt discret jusqu’à présent, le country fait son apparition mais le boogie n’est jamais loin ( « Take Me For A Ride »), et un titre comme « Let Me In » ressemble à une heureuse collaboration entre Creedence Clearwater Revival et Chuck Berry. « L’album baigne plutôt dans le rock’n’roll old school ou une humeur très roots que dans le heavy blues », résume Ewan.
Paradise Alone marque également le premier album du groupe avec le guitariste québécois Ricky Paquette, arrivé en 2022 en remplacement de Jimmy Bowskill, et qui a eu tôt fait de faire l’unanimité. « Ricky est débarqué le jour de l’audition avec le sourire aux lèvres, il a tout de suite apporté une énergie très positive. Au départ, on l’a pris pour tourner, et puis on lui a dit qu’on adorerait le garder. On est très chanceux de l’avoir, c’est un mec fantastique et un musicien redoutable. Et j’adore jouer avec lui… »
Paradise Alone paraîtra en version numérique et en vinyle le 22 août et sera bientôt suivi d’un autre EP, issue de sessions effectuées à Toronto. « On essaie de s’adapter à la façon dont les gens écoutent de la musique aujourd’hui, à travers des sorties plus fréquentes, un peu comme l’époque des singles dans les années 1960 », explique Ewan, qui se réjouit que The Sheepdogs, après avoir quitté leur label, aient pu récupérer les droits de leur back catalogue. Plus en contrôle de leur carrière que jamais. Et parés à aborder les vingt prochaines années.
THE SHEEPDOGS
Ewan Currie (voix, guitares) / Shamus Currie (piano, orgues, voix) / Ryan Gullen (basse, voix) / Sam Corbett (batterie, percussions, voix) / Ricky Paquette (guitares, voix)
Source : The Sheepdogs
Texte : Rock&Folk / L’Express