Information : Simon Fauteux

Montréal, février 2021 – Le nouvel album de Dom La Nena, Tempo – disponible le 26 février via Six degrees – parle du temps. Pas de celui de l’écoute, non – cet album est construit autour de chansons ne frôlant pas trois minutes – mais de ce temps pensé et vécu comme une somme d’instants. La chanteuse-compositrice- violoncelliste brésilienne et basée à Paris présente ici une série de petits moments cristallins, parfois ensoleillés, souvent rêveurs, entrecoupés de cette belle nostalgie que les Brésiliens appellent saudade.

Tempo est le troisième album de Dom La Nena, après Ela sorti (2013) et Soyo (2015), tous deux acclamés par la critique internationale comme The New Yorker (« Chacune de ses chansons est sacrée »), NPR (« Une des jeunes artistes les plus importantes d’Amérique Latine ») ou encore le New York Times (qui la compare à des artistes comme Juana Molina, Lhasa ou Hope Sandoval).

Dans un doux mélange de pop, musique de chambre et bossa brésilienne vous pourriez penser que Tempo se présente à vous comme une réponse ou un répit aux évènements actuels. Et vous n’auriez pas tort, même si Dom La Nena affirme que ce n’était pas intentionnel. « La composition et l’écriture sont pour moi des processus assez « incontrôlables », inconscients, tout ce que je vis au quotidien est source d’inspiration et a une influence très forte sur ma musique. Je suis devenue mère et ça a soulevé chez moi beaucoup de questionnements sur la vie et la valeur du temps. Par conséquent ces questions sont très présentes dans l’album: la naissance, le vieillissement, et finalement, la mort ».

Vous pouvez également entendre Tempo comme une luxuriante tapisserie de synthétiseurs, de cordes et d’instruments de percussion. Mais là, vous auriez tort. Dom La Nena livre ici des arrangements et une orchestration remarquable. L’espace musical de Tempo est composé fondamentalement de son violoncelle, de sa voix et de quelques touches de piano, le tout mixé avec élégance par l’américain Noah Georgeson (Devendra Banhart, Rodrigo Amarante,The Strokes). « Mon intention sur cet album était d’explorer de nouvelles façons de faire jouer mon instrument, dit-elle. Je me suis amusée à l’emmener ailleurs, à pousser les possibilités sonores du violoncelle le plus loin possible de celles que l’on connaît habituellement ».

L’album commence avec le morceau titre, Tempo, qui rend hommage aux racines baroques du violoncelle et l’associe à la voix pure de Dom. « Sur ce disque, pour la première fois j’ai eu envie de composer de la musique instrumentale. De la même façon que j’ai essayé d’emmener le violoncelle ailleurs je voulais aussi me lancer dans un genre musical autre que celui que je fais habituellement, de la chanson. »

Quand elle chante, on retrouve encore sa recette personnelle, avec ce mélange hybride de portugais, d’espagnol et de français. « La musique demande les sons, les mots et les rythmes uniques à chaque langue. Je ne choisis pas d’emblée la langue dans laquelle je vais écrire et chanter, c’est comme si la chanson décidait par elle-même ».

L’élégance des textures instrumentales de cet album montre une cheffe qui conduit son orchestre d’une main de maître. Malgré une instrumentation minimaliste, Dom La Nena crée un large éventail de sons : l’enjoué Oiseau Sauvage, avec sa ligne vocale chantante ; la valse des violoncelles à cordes pincées qui nous emmène faire un tour en Europe de l’Est dans Valsa ; le rythme lent, presque cumbia, de Quien Podrá Saberlo – qu’elle partage avec la chanteuse iconique Mexicaine Julieta Venegas ; les battements de coeur de sa fille dans Esperando Alma et Teu Coração. Des harmonies vocales fondantes colorent la chanson Doux De Rêver, une chanson sur le vieillissement écrite pour son grand père. Et le jeu subtil des pizzicati, violoncelle-percussion et piano soutient les différentes voix de Dom La Nena sur le morceau le plus représentatif de l’album, Milonga, qu’elle décrit comme une chanson sur « la mort et la transition ».

Dans un album qui ne parle que de moments dans le temps, aucun ne nous paraît trop long.

Tempo marque le retour d’une musicienne particulière. Inhabituelle. Il était temps.

Source : Six Degrees Records