Information : Simon Fauteux

Montréal, avril 2024 – En plus de cinquante ans de carrière et trente-cinq albums, Ben Sidran s’est imposé comme le « philosophe poète » du Jazz. On le connaît et reconnait dès les premières notes aussi bien pour son style d’écriture, son touché de piano que pour son phrasé et son « spoken word » uniques qu’il aime tant exécuter ou improviser.

Rainmaker, à paraître le 26 avril via Bonsaï Music – est le cadeau que Ben Sidran n’est pas qu’un simple album de Jazz et de Blues. C’est aussi un manuel de survie dans notre monde moderne actuel. L’idée originale de Rainmaker était d’organiser une fête dans un studio d’enregistrement parisien en l’honneur du 80ème anniversaire de Ben.

SIdran y voyait une façon de célébrer la survie de beaucoup de choses, y compris la sienne, une vie sans frontières et son amitié avec tant de musiciens à l’étranger. Il imaginait qu’il s’agirait d’un disque de blues, et il a donc commencé par écrire des blues et revisité certains de ses classiques préférés. Mais comme souvent, ce que l’on crée finalement n’est pas forcément ce que l’on cherchait initialement à créer, et dans le cas présent, Ben s’est retrouvé à écrire des chansons dépeignant un monde dystopique, thème peu traditionnel dans le blues, et qui ne sont pas réellement des chansons qu’on pouvait à priori imaginer comme « musique de fête ».

Lorsqu’il a terminé l’enregistrement au Studio de Meudon, entouré d’amis américains et français, l’album avait trouvé son propre son. Quelque part entre le tragique et le festif, l’hirsute et le poli, le l’anéanti et le guéri, de tel sorte que l’on peut dire que Rainmaker parle vraiment de la survie dans notre monde moderne.

Pendant la pandémie, et certainement parce qu’il n’avait temporairement plus de mots, qu’il n’arrivait plus à chanter, Ben a choisi d’enregistrer Swing State son premier disque entièrement instrumental. Mais ceux qui connaissent bien Ben savent qu’il n’est jamais à court de mots, et ce n’était donc qu’une question de temps avant qu’il ne se remette à écrire. Dans cette perspective, il a commencé à écrire et composer une collection de chansons qu’il appelle sa « suite dystonique« . Des chansons comme « Are We There Yet » et « Humanity » évoquent en effet une vision noire et obsédante de la vie au XXIe siècle qui peuvent rappeler l’univers de certains auteurs de science-fiction qu’il aime, comme Alfred Bester et Aldous Huxley.

La voix et la guitare de Rodolphe Burger sur « Humanity » ajoutent une couche de mystère et de chaos à l’horizon de cette chanson. L’harmonica envoûtant d’Olivier Ker Ourio, originaire de l’île de la Réunion, résonne dans « Are We There Yet » comme la sonnerie d’un téléphone dans un couloir vide.

Ben a tempéré sa collection dystonique avec une poignée de morceaux de blues originaux qui semblent indiquer une vision plus optimiste de la vie, « Rainmaker » et « Someday Baby ».  Le refrain « Someday baby, we will all be free » est à la fois une exhortation et une reconnaissance du fait que nous serons peut-être bientôt tous libres.

Pour cet album, Ben Sidran a également rassemblé des morceaux de blues plus anciens : le vieux classique de Jimmy Witherspoon, « Times Getting Tougher », un incontournable de son spectacle depuis plusieurs années, mais qui est inédit sur un album, et également « Ever Since The World Ended » de Mose Allison qui est un choix particulièrement poignant compte tenu des événements tumultueux de ces dernières années. Ben Sidran avait produit l’enregistrement original de cette chanson de Mose pour Blue Note Records dans les années 1980, et ce fut pour lui une sorte de retour aux sources que de réinterpréter cette chanson près de 40 ans plus tard.

Ben a également revisité sa propre chanson originale, « So Long », qu’il a enregistrée pour la première fois sur son album Cool Paradise (1990), interprétation sur laquelle on entend le vibraphone de Mike Mainieri, son ami et collaborateur de longue date.

Et puis il y a « Victime de la mode » et l’histoire que véhicule cette chanson. Les premiers disques de Ben datant des années 1970 sont devenus une mine d’or pour les créateurs de tendances, lanceur de modes et autres DJs. Des albums comme Feel Your Groove, Don’t Let Go et Puttin’ In Time On Planet Earth regorgeaient de matériel parfait pour les producteurs de hip-hop à la recherche de samples efficaces.

Et de fait, l’intégralité de la musique du tube de 1991 du rappeur français MC Solaar, « Victime de la mode », est en fait constituée de quatre mesures qui tournent en boucle de la chanson « Hey Hey Baby » de Ben (écrite par Ben et feu James « Curley » Cooke). C’était à une époque où les autorisations de samples n’étaient que très rarement sollicitées et en l’occurrence Jimmy Jay s’est même déclaré compositeur de cette musique….

En d’autres termes, « Hey Hey Baby » a donc été « empruntée » depuis 1991… Et Ben Sidran n’a jamais réussi à prendre contact avec Mc Solaar malgré ses diverses tentatives.

Et comme il devait enregistrer un nouvel album en France, Ben s’est dit que c’était l’occasion d’enregistrer sa propre version de « Victime de la mode ». En quelque sorte une reprise de la reprise par Mc Solaar, dans laquelle les paroles racontent à la fois l’histoire de « Hey Hey Baby », sa relation avec Curley Cooke dans les années ‘70 et de réaction en entendant sa chanson samplée et réutilisée dans les années 90 par MC Solaar et Jimmy Jay.

Enfin et pour conclure sur la présentation “Rainmaker, Ben Sidran, bien qu’il ne soit pas encore à court de mots, a enregistré trois instrumentaux originaux, prouvant que parfois un bon groove est le meilleur moyen de faire passer un message : « Panda » (avec la légende du steel drum Andy Narell et Ker Ourio), « Sosi B » (avec John Ellis et Michael Leonhart) et « Sweet » (avec Rick Margitza).

TRACKLISTING
1 – Someday Baby [feat. Rick Margitza] (3:47)
2 – Panda [feat. Olivier Ker Ourio & Andy Narell] (4:44)
3 – Humanity [feat. Rodolphe Burger] (3:54)
4 – Rainmaker [feat. Romain Roussoulière] (5:08)
5 – Are We There Yet [feat. Olivier Ker Ourio & Rodolphe Burger] (4:25)
6 – Sosi B [feat. John Ellis & Michael Leonhart] (3:57)
7 – Victime de la mode (3:07)
8 – Times Getting Tougher Than Tough [feat. Leo Sidran] (3:17)
9 – Ever Since The World Ended (4:07)
10 – Sweet [feat. Rick Margitza] (3:27)
11 – So Long [feat. Mike Mainieri] (3:52)

CRÉDITS
Ben Sidran: piano, orgue, chant
Leo Sidran: batterie, orgue, guitare (1,5,9), chants et chœurs (5,8)
Billy Peterson: contrebasse (1,3,5,9,10,11)
Max Darmon: basse (2,4,6,7,8), chœurs (7)
Romain Roussoulière: guitare (2,4,6,7)
Rodolphe Burger: guitare (3), chant (3,5)
Rick Margitza: saxophone (1,10)
Olivier Ker Ourio: harmonica (2,5,9)
Andy Narell: steel drums (2)
Denis Benarrosh: percussions (1,2,4,5,6,7)
Camille Marotte: chœurs (3,7)
Michael Leonhart: trompette (6)
John Ellis: saxophone (6)
Mike Mainieri: vibraphone (11)

Ecrit et composé Ben Sidran / Bulldog Music sauf“Victime de la mode” (Ben Sidran, James Cooke / Bulldog Music), “Ever Since The World Ended” (Mose Allison / Audre Mae Music) et “Times Getting Tougher” (Jimmy Witherspoon / Belwin Mills Music Ltd.)

Enregistré en mai 2023 (30, 31) and juin (3,4) par Julien Bassères et Aurélien Marotte au Studio de Meudon (assistés par Camille Marotte) – Enregistrement additionnels en juin 2024 par Gordon Davidson à Abbey Road Studios, London (assisté par Neil Dawes). Mixé en novembre 2023 par Leo Sidran at Electric Poodle Stoodles à Brooklyn. Masterisé en décembre 2023 par Julien Bassères at Studio de Meudon.

Production artistique : Ben and Leo Sidran
Réalisation artistique : Leo Sidran
Directeur de production : Max Darmon
Producteur exécutif : Pierre Darmon

Source : Bonsaï Music